Le GPS est désormais un outil d’aide à la navigation incontournable pour les randonneurs. Bien sûr, il faut d’abord et avant tout savoir s’orienter avec une carte papier. Mais les possibilités offertes par le GPS et tous les outils associés sont infinies et il serait dommage de s’en priver. Cela passe par la planification à la maison, l’orientation sur le terrain avec évidemment l’aspect sécurité qui permet en cas de pépin de connaître sa position à tout moment.
Dans mon cas, la planification c’est à la maison, sur un ordinateur muni d’un vaste écran et tranquillement assis sur une chaise et non pas sur un smartphone 1h00 avant la randonnée. Je traiterai donc des outils de planification “à domicile” dans cet article. Puisque je pratique en Occitanie, j’ai un petit faible pour les cartes couvrant les Pyrénées. Les critères utilisés pour la comparaison sont les suivants :
- Gratuité pérenne : je ne parlerai que des solutions gratuites, c’est-à-dire valables au-delà d’une période d’essai.
- Cartographie : étant donné que j’exerce principalement en France et dans les Pyrénées, voici les cartes que j’utilise pour mes planifications
- Topo IGN : c’est bien évidemment la transcription numérique des usines à rêve que sont les cartes Top 25.
- OpenTopo : dans la série des cartes participatives d’OpenStreetMap, c’est celle qui me semble la mieux adaptée à ma profession d’accompagnateur en montagne. L’intérêt aussi est qu’elle va au-delà des frontières et est donc valable du côté espagnol des Pyrénées.
- Topo Pirineos : la carte gratuite couvrant toutes les Pyrénées (françaises et espagnoles) créée et maintenue par un Espagnol passionné.
- Vue Satellite : il est parfois très intéressant en planification d’avoir une photo satellite de la randonnée, même si cela reste secondaire.
- Création de routes ou de traces : une fois qu’on a son fond de carte, il faut évidemment pouvoir créer sa trace GPS qui sera ensuite exportée vers son smartphone ou son GPS.
- Modèle d’altitude : les fonds de cartes ne suffisent pas pour planifier une randonnée, car le dénivelé est un élément fondamental. Il faut donc que l’outil de planification possède un modèle d’altitude qui va permettre d’extraire le dénivelé d’une trace.
- Routage : la capacité de routage va permettre de mieux évaluer les distances et les dénivelés. En effet, lorsqu’on planifie, on trace des segments de droite qui, mis bout à bout sous-estiment la distance par rapport au véritable parcours. La capacité de routage va permettre de corriger cet effet et d’être au plus près du parcours réel. Cette capacité dépend énormément de la richesse du modèle vectoriel qui est derrière, c’est pourquoi, c’est un petit défi pour les outils de planification. Il suffit qu’un morceau de sentier manque pour que tout à coup le chemin routé fasse des détours abominables…
- Impression de carte : étant donné la fragilité des instruments électroniques, je considère que pouvoir imprimer une planification est le gage de sécurité d’un bon outil de planification.
- Proposition de parcours : pour certains, le fait d’avoir des parcours déjà existants constitue la planification elle-même.
Visorando est une petite société française de moins de 10 employés créée en 2014. Cette sympathique société alsacienne communique plus sur le partage de parcours de randonnées que sur leur planification. Chacun peut importer sa trace et elle devient ainsi utilisable par les autres usagers. Les traces sont vérifiées, mais cela reste du participatif et vous n’êtes pas à l’abri de vous retrouver à traverser une propriété privée en les suivant aveuglément (je parle d’expérience..). Même si l’usage principal est le partage de traces GPS, il est possible de préparer une randonnée, et c’est cette fonction qui nous intéresse ici. On peut donc créer ses propres tracés en lignes avec une application conviviale, réactive avec un bon jeu de cartes, mais qui ne semble pas posséder la fonction de routage.
OpenRunner partage le même concept que Visorando, mais avec une orientation beaucoup plus axée sur le trail et la performance sportive que la randonnée. Cette petite société créée en 2016 et basée à Annecy n’a que 2 employés. Les fonctionnalités sont globalement les mêmes que Visorando, avec en plus une fonction de routage que je n’ai pas trouvée dans Visorando. En revanche, la carto lors de la planification est réduite à une toute petite fenêtre encadrée par des publicités qui prennent la plupart de la place. Un peu pénible à mon goût même si je comprends qu’il faut bien vivre.
Bienvenu dans le monde de l’open source. Ce logiciel, le successeur de QLandkarte GT, réuni tout ce que j’aime. Il est sur mon ordi, j’ai accès à un jeu de cartes que je configure moi-même et je classe mes randonnées comme cela me plaît. La contre-partie, c’est qu’il faut y passer du temps pour se familiariser avec les possibilités. Mais j’ai été séduit et je ne regrette pas mon investissement en temps. Pour ceux qui veulent un logiciel que je qualifierais de quasi-professionnel, mais gratuit, je recommande. Mais attention ! Il ne faut pas avoir peur de bidouiller un peu.
C’est le portail officiel des cartes IGN en tout genre et contient évidemment les cartes topographiques. Il peut difficilement être considéré comme un outil complet de planification, car il n’y a pas de routage et les capacités de stockage et de manipulation des traces sont assez réduites. Néanmoins, au cas par cas, grâce à la fonction “profil”, on peut très facilement évaluer le dénivelé et la distance d’une randonnée.
Si Géoportail est plutôt limité en terme de planification, l’outil de l’IGN à utiliser est donc bien Iphigénie. Sa conception a démarré en 2009 pour aboutir à une première version en 2010. Iphigénie exploite naturellement les cartes de Géoportail et bénéficie donc de superbes possibilités en cartographie. L’outil est très populaire parmi les accompagnateurs en montagne et possède également une version pour smartphone. La version gratuite ne possède pas toutes les fonctionnalités. Par exemple pas de routage en version gratuite. En revanche, elle me semble plus flexible qu’IGNRando (voir ci-dessous) qui exige de remplir un tas d’information avant de pouvoir imprimer sa carte.
IGNRando est l’outil de IGN qui se positionne comme Visorando et Openrunner sur le partage de traces. IGNrando possède aussi un très bon outil de planification avec un bon jeu de carte. Après la création d’un compte, on peut y accéder gratuitement. Le cycle de production d’un parcours est hyper cadré à mon goût et demande obligatoirement de remplir pas mal d’informations. La règle du jeu semble être, la gratuité par le partage et toute l’application est orientée pour que vos données soient exploitables sur le site. En remplissant tout ce que l’outil demande, cela génère une magnifique fiche techniques imprimable.
Cette entreprise espagnole fondée en 2006 et a misé sur un partenariat avec Google. Son équipe de 17 personnes résolument orientées vers la programmation a misé sur un produit à vocation mondiale et sur le partage des itinéraires dans le plus de domaines possible (du quad à la rando en passant par le vélo, le cheval etc..). Je suis assez déçu du résultat en terme de planification pure. Je ne trouve pas de cartographie française digne de ce nom. Les excellentes cartes espagnoles débordent un peu sur la France, mais pas assez pour que cela soit crédible et je ne vois pas non plus de fonction de routage. Wikiloc est donc taillé pour du partage pure de traces GPS avec probablement une facilité de synchronisation avec Smartphone, Garmin et Sunto.
Entreprise Autrichienne et Allemande ayant une centaine d’employé, ce qui me semble démesuré par rapport à ses petits concurrent français. En ce qui concerne notre propos de planification, on a un logiciel en ligne qui fait du routage et qui a bien un modèle d’altitude mais qui me semble assez pauvre en cartographie de randonnée. Il y a une carte “Koomot” qui semble un dérivé d’open Topo mais rien de certain. Il n’y a pas les cartes IGNs de notre belle patrie. Là encore, nous sommes sur une application orientée partage plutôt que routage.
Ce tableau présente les capacités des logiciels de planification dans leur version gratuite et pérenne (c’est-à-dire au-delà d’une période d’essai). Je me suis focalisé sur les logiciels les plus connus et qui sont surtout utiles en France.
| Open Runner | Viso Rando | Geoportail | Iphigénie | IGNrando | QmapShack | Wikiloc | Koomot |
En-ligne | oui | oui | oui | non | oui | non | oui | oui |
Hors-ligne | non | non | non | oui | non | oui | non | non |
Cartes Topo IGN | oui | oui | oui | oui | oui | oui | non | non |
Open Topo Map | oui | oui | non | non | non | oui | non | non |
Topo Pirineos | non | non | non | non | non | oui | non | non |
Modèle d’altitude | oui | oui | oui | ? | oui | oui | oui | oui |
Capacité de routage | oui | non | non | non | oui | oui | non | oui |
Impression de cartes | oui | oui | oui | oui | oui | oui | non | oui |
Propositions de parcours | oui | oui | non | non | oui | non | oui | oui |
Voici des copies d’écran de chaque solution de planification pour un parcours en Ariège.