Ce petit ouvrage sur la montagne de Belinda Cannone (édition ArthauD) réunit quelques impressions montagnardes de l’auteur ainsi qu’un florilège de lectures autour de Jean Giono, Simone de Beauvoir et Marlen Haushofer.

En parcourant la forme du monde, on sent dans l’écriture une sorte de frustration de ne pas toujours arriver à saisir la beauté de la montagne. Il s’agit de ralentir pour mieux voir. Mais je crains que seul le ralentissement ultime permette de bien sentir et de bien voir. J’y retrouve un principe d’incertitude qui, dans ce cas, met en balance la sensibilité et le mouvement. J’admire la volonté de Belinda Cannone à décrire une montagne qui m’émerveille depuis toujours et son honnêteté à reconnaître l’impossibilité de la saisir de façon entièrement satisfaisante. Mais finalement, cette frustration fait partie de la sensation du randonneur, elle en est un peu le mystère et le sel.

En tant que randonneur et Accompagnateur en Montagne, je recommande la lecture de cet essai à tous ceux qui aiment la marche et plus particulièrement le milieu montagnard.

Petit extrait :

D’ailleurs, je me rappelle, en même temps que la joie liée à cette nouvelle manifestation du sublime, un peu de souffrance : la beauté extrême est douloureuse, je ne sais pourquoi. Par impossibilité de la retenir? Comme expérience accélérée de la fugacité de l’existence? Je suis vivante, au sein de ce monde désirable, et je passerai, comme s’achèvera tout à l’heure ma rencontre avec cette splendeur….Et cet irrépressible besoin de partager ne s’explique-t-il pas en partie ainsi : “Regarde! Regarde!” dit-on à qui nous accompagne, avec l’espoir secret et informulé de lui faire porter avec nous le fardeau de la beauté.

Bélinda Cannone, La forme du monde. Ed Arthaud
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