Aux Açores, vous serez en permanence en conversation avec une nature exigeante et grandiose. C’est à la fois une école d’humilité et d’optimisme qui vous apprendra à ne pas laisser passer les moments de grâce. Ces îles vous offriront le privilège de vivre intensément à un endroit où vous n’auriez probablement jamais pu aller : le milieu de l’Atlantique, juste au-dessus de la rencontre titanesque des plaques eurasienne, africaine et nord-américaine. On est tenté d’imaginer que ce choc des cultures tectonique est à l’origine de tant de variété de paysage. Même en se limitant aux 3 îles majeures du groupe central (Faial, Pico et São Jorge), on se trouve face à 3 sensibilités radicalement différentes.
Faial, où les marins ont laissé tant de traces de leur aventures, de leurs rêves et de leur humour, est dominée par une magnifique caldeira fidèle à notre imaginaire d’enfant sur ce que doit être la forme d’un volcan. Sur son flanc Ouest, tourné vers l’Amérique, le dernier-né des volcans n’a pas réussi à faire fuir le gardien du phare, témoin du cataclysme en court. Conscient de l’importance de sa mission, il a pu assister à l’émergence d’un volcan marin qui au bout de plusieurs mois d’éruption a fini par devenir une extension lunaire de Faial.
São Jorge, toute en longueur nous étonne par ses vertigineuses falaises suffisamment raides pour que seuls de rares sentiers permettent de les franchir, mais dont la pente est assez douce pour favoriser la croissance d’une végétation presque tropicale. C’est ainsi que les plaines minuscules du bord de mer sont à peine accessibles. Les quelques villages aux maisonnettes blanches qui y prospèrent, sont dominés par une gigantesque vague immobile et verte semblant sur le point de déferler pour engloutir les habitants assez téméraires pour vivre là. Tandis que l’océan sculpte inlassablement les galets du rivage dans un grondement sourd et inquiétant, quelques centaines de mètres plus haut, les vaches ruminent tout aussi inlassablement l’herbe grasse des pâturages délimités par des murs de roches.
Sa majesté le Pico domine de sa silhouette noire une vaste île verte.Sa géométrie parfaite impressionne lorsque les nuages s’éloignent pour un moment de son sommet. Sur ces flancs, nous marchons sur un sentier de lave à la viscosité encore apparente mais désormais figée dans sa gangue minérale. Au bord de l’océan, un labyrinthe de murs noirs protège les vignes connues pour être classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pico sera la dernière des trois îles qui seront l’objet de notre émerveillement lors du séjour que je proposerai l’année prochaine.